Déclaration de la FSU à la FS SSCT académique du 26 septembre 2023
Madame la rectrice
L’été a connu plusieurs drames dans notre académie. Le décès du principal du collège Laplace de Lisieux a ému la communauté éducative. La FSUFédération Syndicale Unitaire tient d’abord à lui rendre hommage lors de cette première instance de l’année 2023-2024.
Nous sommes néanmoins navrés que vous n’ayez de votre propre chef convoqué aucune Formation Spécialisée exceptionnelle ou enquête afin que nous puissions mettre en place des mesures de prévention qui éviteraient qu’un tel drame ne se reproduise.
Le suicide d’une contractuelle professeure des écoles dans le département de l’Eure, quelques jours après sa convocation pour la suspendre, est aussi venu rappeler à quel point certains de nos collègues souffrent.
Pour entrer dans l’ordre du jour, la rentrée 2023 est une nouvelle fois placée sous le signe de l’austérité et de la difficulté pour les personnels de l’académie de Normandie.
L’objectif du gouvernement était d’assurer le « remplacement » des enseignant·es, de traquer la moindre heure de cours manquée. Il affiche partout le nombre d’heures non assurées sans rien distinguer : absences de longues durées, absences de courtes durées, absences pour raisons institutionnelles… En instrumentalisant ces chiffres, le gouvernement entretient le cliché du professeur absent, rendant ainsi les personnels responsables d’une carence de l’Etat. Si les élèves perdent des heures de cours, c’est d’abord parce que la crise de recrutement est telle que les besoins ne peuvent plus être couverts, que partout l’on manque de professeur·es, de PsyEN, d’infirmières, d’AED, d’AESH et de personnels administratifs, que les personnels ne peuvent plus être remplacés quand ils ne sont pas devant les élèves. La diversion grossière autour des abayas n’a finalement pas permis de masquer le terrible constat de cette rentrée et la pénurie de personnels contre laquelle le ministère refuse toujours d’agir.
La logique même du pacte, au-delà de sa mise en place, est de faire dysfonctionner les équipes pédagogiques et éducatives en renforçant la mise en concurrence des agent.es. Les briques du pacte viennent s’ajouter aux ORS des personnels alors que dans la note d’information d’octobre 2022 de la DEPP il est indiqué que la moitié des enseignant.es travaillent au moins 43 heures par semaine.
La logique du « travailler plus pour gagner un peu plus » n’est pas acceptable. Preuve en est : les personnels rejettent massivement ce pacte et ce, malgré les mensonges et les pressions que l’on commence à voir fleurir dans certains établissements.
Dans ce contexte, vos projets de reporter la formation continue des personnels hors temps de service sont un coup supplémentaire porté aux droits des personnels. Déjà réduite à peau de chagrin ces dernières années, demander aux collègues de se former sur leurs temps de respiration augmente encore leur temps de travail, alourdit leur charge et prive les collègues d’une formation au bénéfice in fine des élèves. Une nouvelle preuve que l’entrée budgétaire n’est pas viable et que les calculs à la petite semaine auront des conséquences désastreuses sur le long terme.
Au-delà du pacte, les multiples réformes dans le premier degré, en sixième et en voie professionnelle se font sans aucun recul avec souvent comme seule boussole l’économie des moyens. C’est le cas de la technologie supprimée en 6ème et remplacée par un dispositif bricolé et inutile de soutien/approfondissement dont on peut imaginer qu’il ne survivra pas longtemps. Le recul récent du ministère sur le calendrier du bac rappelle avec force que vous ne pouvez imposer des réformes mal pensées sans écouter les professionnels : ils et elles connaissent leurs métiers et leurs élèves, c’est avec elles et eux qu’il faut réfléchir aux évolutions du système éducatif.
C’est également un bilan RPSrisques psychosociaux négatif que nous tirons pour tous les agents impactés par la longue mise en place d’applications toujours dysfonctionnelles comme Op@le, Andjaro, RenoiRH… Les personnels n’en peuvent plus de ces modifications permanentes, qui dégradent le service public au lieu de l’améliorer. Les services du rectorat sont les premiers touchés et notamment la DPA. Nous attendons pour ce service des mesures fortes pour revenir à des conditions de travail décentes.
Comme ailleurs, l’académie de Normandie a connu en ce début d’année une vague de chaleur. Dans bon nombre d’écoles, de collèges et de lycées, les mêmes questions que celles déjà posées l’an dernier vont revenir : comment travailler dans des salles de classes, des CDI, des vies scolaires et des gymnases surchauffés ? Le dossier bâti scolaire n’avance pas suffisamment, à l’image de la politique environnementale du gouvernement, qui en reste à des mesures cosmétiques et non contraignantes. Alors que des canicules plus précoces, plus longues, plus intenses, plus fréquentes provoquées par l’activité humaine sont annoncées, les plans canicules qui se succèdent sont bien peu ambitieux et laissent croire qu’il est possible d’adapter notre société au changement climatique sans jamais impulser les transformations économiques et sociales structurelles indispensables. A cet égard, les annonces du président de la République le 5 septembre n’apportent rien de nouveau : si l’objectif cible de bâtiments rénovés est important, les financements sont toujours très largement insuffisants !
Pour les personnels, il n’existe pas de seuil réglementaire à partir duquel la température serait trop élevée pour permettre le travail. Cependant, tous les employeurs sont responsables de la santé au travail des salariés et des mesures doivent être prises pour évaluer et supprimer ou limiter les risques. A ce titre, l’Institut national de recherche et de sécurité, l’INRS, indique « au delà de 30 °C pour une activité de bureau et de 28 °C pour un travail physique, la chaleur peut constituer un risque pour la santé des salariés ».
En cas de fortes chaleurs, il n’est pas toujours possible de mettre en œuvre localement les recommandations officielles telles que la mise en place de courants d’air ou l’accès à des lieux frais. A ce titre, la FSUFédération Syndicale Unitaire s’étonne que les dernières consignes de la DGAFP n’aient pas été relayées au niveau de tous les établissements de l’académie. Pour la FSUFédération Syndicale Unitaire, la santé des personnels, comme celle des élèves, doit primer et le nombre de fiches RSSTRegistre Santé et sécurité au travail, en constante augmentation lors des épisodes de chaleur, devraient vous faire réagir.
La FSUFédération Syndicale Unitaire demande la mise en place d’un groupe de travail sur les ambiances thermiques dans les établissements.
L’ordre du jour nous amène également à faire un bilan intermédiaire du programme annuel de prévention des risques académiques. En la matière, force est de constater que bon nombre de dossiers sont toujours au point mort.
Après trois ans de fusion menée à marche forcée, l’information des personnels est toujours aussi disparate entre le portail métier rouennais et l’intranet caennais. Quand tous les personnels auront-ils accès au même niveau d’information ? L’exemple du portail des démarches médicales en est un des plus flagrants.
La question de l’égalité Femmes/ Hommes est toujours aussi peu considérée dans l’académie, l’arrêté du 31 juillet, deux ans après la sortie du décret, fixe enfin des règles dans l’éducation nationale. Il est grand temps que l’académie de Normandie se mette en action sur ce sujet. Ainsi, en dépit des promesses, orales certes, bon nombre de femmes en cette rentrée encore, sont pénalisées d’avoir pris un temps partiel pour raisons familiales, empêchées de concilier sereinement leur vie professionnelle et leur vie familiale. Les multiples situations problématiques dans l’affectation chaotique des TZR n’en sont qu’un triste exemple.
En matière de risques, la prévention est toujours le parent pauvre de l’académie. Les propos du secrétaire général de l’académie lors du groupe de travail de début juillet ne font que le conforter. Refus systématique d’accorder des moyens supplémentaires aux préventeurs de la formation spécialisée en appliquant l’article 2 de l’arrêté du 15 juin 2022, refus catégorique d’accorder un temps de décharge à la référente VSSviolences sexistes et sexuelles, refus d’accorder un temps de décharge à l’ensemble des assistants de prévention. L’académie de Normandie poursuit donc dans sa volonté de ne pas appliquer les recommandations du ministère. Ce n’est décidément pas la préoccupation de l’académie et moins de situations à risques remontent, mieux on semble se porter rue Caponière et rue de Fontenelle.
L’état de la médecine de prévention est aussi catastrophique. Aucun recrutement de médecin depuis des lustres avec la conséquence connue de toutes et tous : pas de visites quinquennales pour les personnels, pas de visites de services et refus d’embaucher des spécialistes de la prévention comme des ergonomes.
La FSUFédération Syndicale Unitaire demande un changement radical pour mettre enfin les conditions de travail des personnels au centre des problématiques académiques. L’amélioration des conditions de travail passe aussi par une diminution des effectifs des classes, un recrutement massif de personnels enseignants et non enseignants et l’augmentation des personnels dans les services du rectorat et des DSDEN.
LA FSUFédération Syndicale Unitaire continuera de porter le dossier des salaires, sujet loin d’être clos, n’en déplaise au ministre de l’Education nationale qui a cru bon de le préciser lors de la multilatérale sur l’attractivité du métier.
Pour des salaires à la hauteur de l’engagement des personnels et des missions qui leur sont confiées, pour la défense des Services Publics, la FSUFédération Syndicale Unitaire appelle avec l’intersyndicale à se mettre massivement en grève le 13 Octobre pour une hausse des salaires sans contrepartie et une amélioration des conditions de travail.